Les Menus-Plaisirs du Roy
Direction musicale : Jean-Luc Impe
Une approche musicale de la maçonnerie au XVIIIe siècle
...des chansons pour les rites et les assemblées fraternelles
...une lanterne magique
...un travail musicologique de Jean-Luc Impe
Par l’ensemble « Les menus plaisirs du Roy », sous la direction de Jean-Luc Impe. Avec le ténor Stefan Van Dijck .
Ce spectacle, ou plutôt l'idée de ce spectacle, est née du hasard et de passions communes révélées au cours des diverses rencontres entre les musiciens des Menus-Plaisirs du Roy et l'ensemble de la direction administrative, patrimoniale et scientifique du musée de la Franc-maçonnerie de Bruxelles. Hasard tout d'abord, car nous, Les Menus-Plaisirs du Roy, avons eu, fortuitement, l'occasion d'acquérir un lot de plaques anciennes maçonniques dédiées à la lanterne magique, ancêtre du projecteur de diapositives, voire même lointain ancêtre du cinéma si l'on considère l'animation extraordinaire de certaines plaques retrouvées. Il faut noter, pour une compréhension idoine de la portée de cette acquisition, que l'utilisation de la lanterne magique comme instrument pédagogique, notamment pour l'éducation rituelle et symbolique des maçons, était très répandue en Europe comme aux Etats-Unis et ce, depuis le Siècle des Lumières. Passion ensuite, car notre ensemble musical s'est toujours attaché à redonner vie aux vaudevilles, à ces airs anciens, populaires, qui dans le cours de leur existence en arrivent à porter sur leur mélodie propre des textes de nature complètement différente, voire opposée. Ainsi, si un air, une mélodie, apparaît à un moment donné du XVIIIe siècle, porteuse d'un texte religieux par exemple, elle peut très bien se voir greffer, quelques temps après, un texte nouveau, érotique celui-là et servir ensuite de support à l'édification maçonnique. L'ensemble des chansonniers maçonniques fonctionnent de cette manière, en réutilisant majoritairement un matériau musical préexistant. L'intérêt, dans un tel processus, consiste à confronter le texte original qui sous-tend l'air repris avec le nouveau contenu linguistique... et de comparer ainsi les hypotextes et les paratextes qui colorent bien évidement de façon très particulière la réception et la compréhension des nouveaux textes maçonniques qui se sont accaparés le corps musical de ces airs préexistants. C'est ce travail, ce gigantesque chantier d'encodage informatique des chansonniers maçonniques du XVIIIe siècle et leur confrontation aux textes référentiels du temps que nous menons de concert avec le Musée et le Cedom.
Le spectacle lui-même répond à une double vocation : donner à voir et à entendre. Entendre ces airs magnifiques du XVIIIe siècle ou encore écouter la musique de compositeurs maçons moins connus. Voir ces merveilleuses peintures sur verre que sont les plaques de lanterne magique qui éclairent l'iconosphère particulière d'un Siècle des Lumières, intimiste à plus d'un moment. Entendre et voir, jouer des sens, pour mieux appréhender une réalité si souvent fantasmée par ceux qui ne sont habités que par l'idée d'un complot secret... voir et entendre pour mieux mettre en lumière une société qui parlent de nos valeurs actuelles, qui redonnent du sens aux mots de fraternité, de liberté et d'égalité.